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Du Bethléem de Verviers à l'Université des Arts de Tokyo : restaurer, partager, enseigner

27/05/2025
Délégation académique avec la Ministre -Présidente de la FWB, E. Degryse à Université des arts de Tokyo © WBI - J. Van Belle
Délégation académique avec la Ministre -Présidente de la FWB, E. Degryse à Université des arts de Tokyo © WBI - J. Van Belle

À première vue, il s’agit d’un simple objet : un théâtre miniature du XIXᵉ siècle, aux marionnettes articulées et au décor naïf. Mais le Bethléem de Verviers, lourdement endommagé lors des inondations de 2021, porte en lui bien plus qu’une valeur patrimoniale. Il incarne désormais à travers son long parcours de restauration et de réappropriation culturelle, une ambition de transmission et de dialogue international. Deux professeurs de l’École supérieure des arts (ESA) Saint-Luc Liège, Valérie Rousseau et Nico Broers, animent ainsi à Tokyo une master class autour de sa restauration, en présence d’étudiants belges et japonais. Ce moment pédagogique, organisé à l’Université des Arts de Tokyo (Geidai), s’inscrit dans une dynamique nouvelle de coopération entre établissements d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles et leurs homologues japonais.


Premiers pas à Tokyo Geidai


Jusqu’ici, aucune école d’art francophone belge n’avait encore noué de liens officiels avec cette institution japonaise de référence. Valérie Rousseau, enseignante en conservation-restauration des œuvres d’art avait déjà participé à un programme de mobilité internationale à l’Université des Arts de Tokyo en 2024, à la découverte de différentes pratiques de restauration et dans le but d’internationaliser le cursus conservation-restauration de l’ESA. Cette nouvelle rencontre, autour d’une master class cette fois-ci, se déroule pendant la Semaine Wallonie-Bruxelles à l’Exposition universelle d’Osaka 2025, et marque le début d’échanges durables, en particulier dans les domaines de la conservation-restauration, du design textile ou encore des nouveaux médias. Plusieurs autres établissements d’enseignement supérieur artistiques, dont l’ARBA, ESA Saint-Luc Bruxelles ou la HEAJ à Namur, suivent d’ores et déjà cette démarche, qui témoigne d’une volonté collective de structurer les relations académiques belgo-japonaises dans le champ des arts.


Vers un renforcement des relations académiques


Cette initiative s’inscrit dans une mission plus large, à la fois économique, culturelle et académique, portée par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), Wallonie-Bruxelles International et l’AWEX. Elle vise à consolider un axe académique encore en développement. À ce jour, 66 accords lient 11 établissements de la FWB à 44 universités japonaises. Les universités de Kobe, Keio et Waseda figurent parmi les partenaires les plus actifs. Mais les flux restent modestes : 62 étudiants japonais étaient inscrits en Fédération Wallonie-Bruxelles en 2022-2023, et les mobilités sortantes vers le Japon, bien qu’en progression, demeurent freinées par des décalages de calendrier, une offre réduite de cours en anglais et un contexte sociétal encore peu favorable aux expériences académiques à l’étranger.


Des obstacles mais un réel potentiel


Malgré ces limites, les potentiels de collaboration sont réels. Le Japon prévoit d’accueillir 400 000 étudiants étrangers d’ici 2033, et les établissements belges souhaitent renforcer leur présence hors Europe. Les champs d’intérêt commun, santé numérique, robotique, IA, Silver Economy, ne manquent pas. La FWB s’appuie sur des dispositifs comme le programme FAMES, ASEM-DUO ou encore des bourses doctorales en partenariat avec la Japan Society for the Promotion of Science. Plusieurs institutions, telles que l’ULB avec son bureau Waseda, montrent déjà l’exemple en développant des cadres bilatéraux structurés.


La parole aux étudiants et aux institutions


Un temps fort de la mission académique à Tokyo a réuni également des étudiants belges installés au Japon, des alumni japonais ayant étudié en Belgique et des représentants académiques des deux pays. Ces échanges sont précieux pour mieux cerner les attentes, les obstacles concrets et les bénéfices mutuels d’une mobilité bien encadrée. À travers les témoignages croisés, les expériences individuelles s’ajoutent aux structures institutionnelles pour former les contours d’une relation durable.


Ouvrir des futurs communs


L’enseignement supérieur n’est pas seulement un espace de formation, il est un terrain d’expérimentation du dialogue interculturel et d’innovation partagée. À l’occasion de l’Exposition universelle d’Osaka, la Fédération Wallonie-Bruxelles démontre que sa politique d’internationalisation peut s’incarner dans des projets concrets, à échelle humaine. Restaurer un objet ancien, partager une expertise, ouvrir une salle de classe à l’étranger : autant de gestes modestes mais fondateurs. Ils esquissent une diplomatie académique capable de générer des liens solides et durables.