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COP26 - La conférence climat de la dernière chance ?

26e Conférence des parties (COP 26) des Nations unies sur le climat
26e Conférence des parties (COP 26) des Nations unies sur le climat

"Nous sommes toujours sur une trajectoire catastrophique": c’est par ces mots sombres que le secrétaire général de l’ONU António Guterres commentait ce 26 octobre un rapport des Nations unies.

Ce rapport tirait les conclusions des derniers engagements pris par les États en matière de climat, qui mèneraient tout de même à un réchauffement des températures mondiales de 2,7 °C à l’horizon 2100. Ce scénario tient compte des dernières promesses de neutralité carbone d’ici 2050 (Australie) ou 2060 (Chine, Arabie saoudite), qui se sont multipliées à quelques jours de l’ouverture de la COP 26.

Du 31 octobre au 12 novembre se tiendra en effet à Glasgow (Écosse) la 26e Conférence des parties (COP 26) des Nations unies sur le climat, présidée par le Royaume-Uni, en partenariat avec l’Italie. Depuis près de trente ans, les Nations Unies rassemblent presque tous les pays de la planète autour de tels sommets mondiaux sur le climat, et durant cette période, les changements climatiques sont passés d’une question marginale à une priorité mondiale. La COP26 s’annonce sans doute comme la dernière chance qu’a le monde de se mettre d’accord afin de maîtriser l’emballement du climat.

La présidence britannique assigne quatre objectifs majeurs au sommet, le premier étant d’atteindre la neutralité carbone mondiale et de limiter le réchauffement à 1,5° au-dessus des niveaux préindustriels (contre 1,2° aujourd’hui), conformément à l’Accord de Paris sur le climat signé en 2015 par 196 pays dont la Belgique à l’issue de la COP 21. Dans ce cadre, tous les pays ont accepté d’actualiser tous les cinq ans leurs objectifs de réduction des émissions – leur contribution déterminée au niveau national (CDN) – pour rendre compte de leur ambition la plus élevée possible et d’une progression dans le temps. La COP 26 marquant l’issue du premier de ces cycles, les pays devaient avant le sommet présenter leurs objectifs, conformes à la réalisation de la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle et ainsi compatibles avec le maintien de la hausse des températures à 1,5 degrés. Parmi les mesures les plus urgentes : élimination progressive du charbon, investissement dans les énergies renouvelables, arrêt de la déforestation et passage accéléré à l’électrique dans le secteur des transports. Mais d’après le rapport des Nations unies commenté par Guterres, les annonces sont jusqu’ici décevantes : trop vagues et lentes, beaucoup de mesures ne devant entrer en vigueur qu’après 2030. Pour conserver une chance d’atteindre les objectifs de Paris, le monde devra s’y prendre plus vite et plus drastiquement – en diminuant de 45% les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 par rapport à 2010, alors que les projections indiquent qu’on assistera plutôt au rythme actuel à une augmentation de plus de 16%. Pour Guterres, qui regrette de voir les pays gâcher cette opportunité, ce rapport est un nouvel avertissement retentissant : les instruments pour achever cet objectif existent, mais le temps presse.

Le deuxième objectif majeur du sommet est l’adaptation des communautés et des habitats naturels, car le climat est déjà en train de changer et il continuera de changer, avec des effets dévastateurs, alors même que nous réduirons nos émissions. Il est dès lors primordial de coopérer pour habiliter et encourager les pays affectés par les changements climatiques à protéger et rétablir les écosystèmes, ériger des défenses, mettre en place des systèmes d’alerte et rendre leurs infrastructures et leur agriculture plus résilientes afin d’éviter les pertes d’habitations, de moyens de subsistance et de vies humaines. Pour réaliser ces deux premiers objectifs, les pays développés doivent tenir leur promesse de mobiliser des capitaux, en réunissant au moins 100 milliards de dollars (environ 86 milliards d'euros) par an pour le financement de la lutte contre le changement climatique. Les institutions financières internationales doivent jouer leur rôle, afin de débloquer les capitaux privés et publics nécessaires à la réalisation de la neutralité carbone mondiale. Enfin, le quatrième objectif assigné à la COP 26 est d’agir ensemble pour tenir nos engagements: ce n’est que par la coopération entre les gouvernements, les entreprises et la société civile que les défis du changement climatique pourront être relevés.

Ces objectifs ambitieux sont compromis par de nombreuses crises et tensions, dont la pandémie de COVID-19, qui après avoir conduit au report du sommet actuellement prévu en novembre 2020, a provisoirement fait passer l’urgence climatique au second plan. Par ailleurs, si les mesures sanitaires du gouvernement britannique rendent fastidieux tous les déplacements depuis l’étranger (passeport vaccinal, test, quarantaine), c’est particulièrement le cas pour les ressortissants des pays actuellement placés sur la  « liste rouge » du gouvernement britannique en raison des taux élevés de transmission, et sur laquelle figurent surtout des pays d’Amérique latine, tels le Pérou ou la Colombie. Greta Thunberg s’est notamment élevée contre ce risque d’un sommet réservé aux pays riches, ce qui semble faire écho au manque de solidarité critiqué par M. Guterres, notamment entre pays pauvres dépendant encore du charbon et pays riches disposant des moyens de soutenir leur transition vers des sources d’énergie propres, ce qui accentue la fracture nord-sud sur ces questions climatiques. Greta Thunberg a également relayé certaines tensions locales à Glasgow, dont les habitants disent subir ce sommet historique, qui attend l’arrivée d’environ 25.000 délégués, plutôt que de s’y sentir inclus. Des grèves des éboueurs et dans le secteur des transports ont même été annoncées pendant toute la durée du sommet, auxquelles l’activiste suédoise a promis de participer.

Contre les craintes répétées d’un échec, ce sommet présentera-t-il un sursaut ? Notre marge est serrée, mais comme chaque fraction de degré de réchauffement compte, le fatalisme n’est certainement pas une option, si l’on ne veut pas entamer la détermination des gens et des décideurs politiques à agir plutôt qu’à se résigner face au caractère quasi inéluctable du dérèglement climatique. Le bateau est peut-être en train de chavirer, mais nous devons ramer de toutes nos forces pour le ramener à temps vers le rivage.

Dernière mise à jour
29.10.2021 - 12:26
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