GRIGNET Brigitte

Brigitte Grignet
Brigitte Grignet

Brigitte GRIGNET a étudié la photographie à l’International Center of Photography à New York, où elle a vécu pendant 15 ans. Elle travaille une photographie documentaire plus personnelle et émotionnelle. A travers la photographie, elle cherche une connexion au monde et au moment présent. Elle a poursuivi un projet dans le sud du Chili pendant 7 ans, dans lequel elle s ‘attachait à enregistrer un mode de vie amené à disparaître. Elle a travaillé e.a. en Palestine, en Colombie, au Guatemala, en Irlande, aux Etats-Unis et en Europe. Elle raconte les histoires de personnes ordinaires et explore les notions de perception et de mémoire, passé l’exotisme des lieux et des moments.


Il y a toujours ce bruit, insistant, quelque part, malgré la recherche incessante d’être ancrée dans le présent. Fuir, fuir le quotidien, la liste des courses, l’horaire à respecter, et pouvoir de nouveau être sensible à ce qui se trouve devant moi, et en moi. Les valises sont faites, le sac photo dans la voiture. Les kilomètres défilent mais je pense déjà à tout ce que je voudrais faire. Habitudes tenaces.  La maison, lumineuse, attend. Les oiseaux se sont tus, un instant. Les canards ne sont pas encore habitués à nous, et les lièvres se cachent.

La nuit nous surprend, seules sur cette île. Seul Erick, le gardien, veille à côté. Le matin, nous partons en expédition. Sur les traces de Stendhal et Kafka, il est facile d’être séduit par la grâce du lac, la luxuriance de la végétation, le rappel de l’élégance d’une autre époque. Des villas patientent jusqu'à l’été. Les tomates éclatent de couleur. Mais dans la montagne, il restent peu d’agriculteurs et de nombreux jeunes sont partis travailler en Suisse. Ancien fief des contrebandiers, Erbonne ne compte plus que 10 habitants.

Le carnaval de Schignano rappelle la pauvreté et l’émigration qui caractérisait la région du Val d’Intelvi. A Mezzegra, une croix évoque la fin de Mussolini. Il faut oublier les cartes postales et les cars de touristes. Rester immobile. Un crapaud revient toutes les nuits dans la cuisine. On se regarde sans ciller, effrayés. Un dimanche, nous avons regardé l’orage s’abattre sur le Lario. La lumière s’était faite plus mystérieuse, plus dramatique. De rencontres en balades, le temps se fait moins pressant.
Sous le soleil cuisant, il y a une gravité insoupçonnable. Une douceur, aussi, celle de ces semaines passées face à soi, à regarder l’infiniment petit.

 

Site Internet : www.brigittegrignet.com

 


Dernière mise à jour
10.10.2013 - 08:33

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