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Alex Vizorek: plus que de l’humour belge, un Belge qui fait de l’humour

(c) Gilles Coulon Tendance Floue
(c) Gilles Coulon Tendance Floue

C’est très tendance à Paris. Grâce à Geluck et Poelvoorde qui ont ouvert la voie pour rehausser l’image du « Belge, une fois » !

"Borain, ascendant Bruxellois" comme il se décrit lui-même depuis bientôt 40 ans, Alex Vizorek n’est pas du genre à renier ses racines belges et même polonaises. "Bon, ces dernières sont un peu lointaines puisqu’elles remontent à mon grand-père. D’ailleurs je ne suis allé qu’une fois en Pologne, en mars 2019, et justement pour représenter la Fédération Wallonie-Bruxelles pour un festival de la Francophonie, mais je suis effectivement très fier de mes origines". Reste ce patronyme un brin torturé : "Wieczoreck" devenu "Vizorek", "parce que c’est proche de mon nom, que ça claquait bien et qu’il n’y en n’a pas beaucoup sur google. Le plus drôle, si je puis dire, c’est qu’aujourd’hui mon père et ma sœur reçoivent du courrier avec cette orthographe…"
 
Après avoir fait ses gammes dans différentes émissions de radio en Belgique - au point même de commenter des matches de foot - il est devenu, depuis 2012, un chroniqueur attitré de France Inter. Mais pas seulement. Car ce boulimique des mots, bourré de talents et de diplômes (ingénierie de gestion à Solvay et journalisme à l’ULB), travaille aussi bien pour la scène que pour l’écran (il adore d’ailleurs mixer les deux). Sans oublier d’autres chroniques dans la presse écrite, en ce compris flamande ("j’adore les langues et j’ai d’ailleurs fait mon Erasmus à Berlin"), et même un conte pour enfants. Excusez du peu, comme dirait l’autre !
 
"C’est vrai que j’aime un peu toucher à tout dès que l’on m’en donne l’occasion", nous explique-il en vidéo-entretien depuis sa résidence parisienne. "J’ai toujours aimé ce milieu du spectacle, de l’avant-scène et je me suis juré qu’un jour j’en ferai partie". Comme en témoignent ces images du 23 mars 1995, récemment vues sur France 2 mais disponibles sur internet, où l’on voit un grand blondinet de 13 ans aux premières loges de la Grand Place de Bruxelles quand Pascal Sevran se fait entarter en direct lors d’une émission de télévision.
 
Avant cela, il y a des études. Librement consenties. "Mon père, qui avait déjà tâté de la chanson, m’avait décrit les difficultés d’un métier artistique. Alors tant qu’à faire, j’ai choisi quelque chose de difficile comme Solvay et j’ai été le premier surpris d’avoir réussi le concours d’entrée. A la fin, tous ces chiffres me tombaient sur le système et j’ai fait la licence en journalisme à l’ULB. Dès lors, quand j’ai voulu faire le cours Florent à Paris, personne ne m’en a empêché. J’étais parti pour un an. J’en ai fait deux de plus."
 

Ligue des Champions

Les scènes discrètes, voire anonymes, les pizzas qui vous passent sous le nez au moment d’une vanne, celles qui font flop, les figurations rapides, les castings, Alex Vizorek connaît et n’est pas très sûr qu’il aimerait y retourner aujourd’hui. En 2009,  son premier seul-en-scène, ironiquement intitulé Alex Vizorek est une œuvre d’art et mis en scène par Stéphanie Bataille, est un succès qui vient effacer, ou couronner, ses années de galère. "J’aimais beaucoup la Belgique mais je voulais jouer en France, à Paris. La même différence qu’entre un championnat et la Ligue des Champions, mais je n’aurais jamais imaginé tenir le même micro que Desproges ou Guillon. J’ai plein d’amis dans le milieu, mais eux ils sont français". De là à dire que l’humour belge est à la mode… Alex Vizorek précise : "c’est le Belge qui fait de l’humour qui est à la mode. On le doit à Geluck ou à Poelvoorde qui ont rehaussé l’image du Belge complètement idiot véhiculée par Coluche et consorts. Aujourd’hui, il est de bon ton d’avoir le ou la Belge à sa table. Charline (Vanhoenacker),  Walter (Bertrand Wautlet), Stéphane (De Groot) ou moi, on ne s’en prive pas. Tant que ça dure. Mais je reste le sale gamin qui aime glisser le coussin péteur. Et il faut reconnaître aussi qu’en ces temps difficiles, la radio, ça aide."
 
Allusion à peine feinte pour son nouveau seul en scène Ad Vitam qui, comme tous les autres est en rade. "Toujours avec Stéphanie Bataille à la mise en scène, on croise les doigts pour 2021". Un spectacle qui veut rire de la mort avec toujours cette légère portée pédagogique. Il y convoque Heidegger, Epicure et même la Petite Mort, "parce qu’elle fait partie de la vie."
 

Enfin un premier rôle

Habitué à être "coupé au montage", Alex Vizorek tient cette fois un premier rôle au cinéma. Belge, en plus. Il vient de terminer La dernière tentation des Belges, le dernier film de l’inclassable Jan Bucquoy (La Vie Sexuelle des Belges, Camping Cosmos…), dans un casting décoiffant aux côtés de Wim Willaert et de la chanteuse Alice On the Roof.
 
"C’est tendre, émouvant et douloureux car Bucquoy puise comme toujours dans son expérience pour interroger la vie (ici le suicide tragique de sa fille, Marie). Mais c’est aussi plein d’humour et d’ironie."
 
Le film devrait sortir au début de l’année prochaine. Si tout va bien…
 
Par Philippe Vandenbergh 
 
Cet article est issu de la Revue W+B n°150.

Dernière mise à jour
02.02.2021 - 15:28
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