Jonathan Lempereur

"lagodicomo" - © Jonathan Lempereur - Résidence Comacina 2017

Né à Renaix en 1990. Architecte d’intérieur, designer diplômé de l’école supérieure des Arts de Mons - Arts². Jonathan Lempereur développe une réflexion sur le croquis dans le processus de création, pratique qui occupe une place importante dans son travail. Après une expérience d’un an à l’agence d’architecture et de design Dzeta à Tunis, il enseigne en tant qu’assistant à Arts². Il entame diverses collaborations dans le domaine de l’architecture d’intérieur, notamment avec jfoffice & partners. Parallèlement, il pense des objets liés à la terre crue, au souvenir et au quotidien.


Compte-rendu

Le 17 juillet 2017, après de multiples péripéties en transport en commun, j’ai posé les pieds sur ce petit morceau de terre. Je me suis aventuré sur cette colline couverte d’arbres et ponctuée de ruines ainsi que de trois villas. L’une d’elles serait ma résidence pour trois semaines, mon atelier en pleine nature. Ce cadre fantastique était une réelle source d’inspiration.

Cette résidence sur l'île de Comacina m’a permis d’expérimenter le travail de la terre crue, d’imaginer des mélanges et des formes. Les générer et les laisser sécher au soleil. Dans un premier temps, je pensais créer des objets fonctionnels mais j’ai décidé de me concentrer sur la manière de les créer, le processus.

Emporter huit kilogrammes d'argile de diverses couleurs sur l'île de Comacina.
Créer des outils pour travailler la terre avec ce que l'île offre.
Mélanger l’argile avec des matières trouvées sur place (végétaux, sables, cailloux…).
Imaginer chaque jour un jeu pour générer des sculptures en terre crue.
Celles-ci deviendront les traces d’un passage sur l'île... 
Résultat: 13 séries de petites sculptures en terre crue.

Quotidiennement, je mettais au point un jeu aux résultats parfois surprenants ou étranges. Il s’agissait de créer des univers imaginaires avec l’île. Chaque jour avait son lot de surprises car je n’étais pas le seul à pouvoir influencer les résultats. Je jouais avec l'île et peut-être, elle s’amusait de moi.

En parallèle, je dessinais. D’abord pour imaginer ces jeux. Ensuite, je dessinais plus « librement » l'île, les paysages, leurs détails. Petit à petit, ces dessins sont devenus un travail indépendant. Ils constituent un ensemble d’images au format A5, réalisées aux traits noirs et fins, rendant leur élaboration minutieuse. Je ne dessinais que l’essentiel des sujets, en limitant le nombre de traits. Progressivement, j’introduisais de la couleur pour mettre en évidence un détail grâce au collage de papier vitrail: une technique qui me permettait de jouer avec leur transparence. À la fin des trois semaines, cette série intitulée “isola” comptait 45 dessins. Ce qui dépassait mes attentes pour un projet que je n’avais pas prévu de réaliser.

L'île de Comacina était le cadre idéal pour penser et créer. Certes envahie de touristes la journée, mais complètement isolée du monde le reste du temps. Quelques rencontres avec des voyageurs français, anglais et italiens ponctuaient mes journées. Je m’improvisais parfois guide touristique. Des discussions avec l’artiste flamand, Dries Segers, en résidence en même temps que moi me permettaient de faire une pause. Une fois tous les deux jours, je prenais mon café au bar de l’île. Un endroit qui m’a plusieurs fois inspiré. J’ai fini par laisser au serveur un dessin, en souvenir de mon passage. Il s’agissait du premier de la série: une vue du lac de Côme, quand je buvais mon café.                                             

Les différentes expérimentations en terre crue m‘ont convaincu quant à l'intérêt de cette technique ne nécessitant pas d’infrastructure complexe et qui me permet de concevoir rapidement. J’aimerai faire évoluer ces objets en terre tout en poursuivant une réflexion sur leur processus de création. J’ai également pu renouveler ma pratique du croquis et y introduire de la couleur. Je développerai prochainement d’autres séries de dessins.

Cette résidence a été une opportunité́ pour développer les prémisses d’un travail davantage artistique. Plus qu'un atelier, elle était une source d'inspiration, un véritable élan à ma réflexion. 

 

Remerciements

Merci à Sandra Nicouleau et Fabiana Vitta pour la préparation et l’organisation de la résidence.

Merci au jury et à WBI de m’avoir fait confiance.

 

Liens

 


Dernière mise à jour
05.09.2017 - 14:02

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