ERMANS Carine

Carine Ermans assume la direction artistique de la compagnie de théâtre en direction du jeune public le Théâtre du Tilleul, fondée en 1981 avec Mark Elst et reconnue comme théâtre conventionné par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le Théâtre du Tilleul se caractérise par son travail sur l’ombre, un fort intérêt pour la littérature jeunesse, son lien avec la musique.

Carine Ermans conçoit les spectacles de la compagnie. Elle travaille à leur écriture, leur dramaturgie, dessine et coréalise les silhouettes et les séquences d’ombres. Elle joue également dans les spectacles, qui tournent en Belgique et à l’étranger.


Je disais dans ma lettre de candidature : Au sein du Théâtre du Tilleul, c’est à moi qu’il incombe de concevoir les spectacles.

  • tant sur le plan de la thématique, de la dramaturgie, de l’écriture
  • que sur le plan esthétique, le dessin des silhouettes d’ombres, l’avant-projet de décor, le story-board du spectacle (nos spectacles étant très visuels) ;
  • sur le plan musical, c’est à moi aussi de définir la place de la musique et le style musical.
    La conception des nouveaux projets nécessite des périodes de travail concentrées et solitaires - en rupture avec les tournées de représentations et le travail administratif de gestion de la compagnie.
    Moments d’intense réflexion, parsemés de « rêveries » (dans le sens rêver » le spectacle, l’imaginer), de lectures, d’écriture, de prises de notes et de croquis. Moments essentiels, primordiaux pour la « naissance » du spectacle. Etapes à franchir seule avant que de pouvoir faire appel à l’équipe de création (décorateur, metteur en scène, musicien...)
    Durant ces moments, j’ai besoin d’être seule, environnée de nature, permettant de faire des « promenades de rêveuse solitaire » (à la Jean-JacquesJ Rousseau !) J’essaie alors de trouver un lieu de travail approprié (à la mer, en montagne...), dans un cadre à la fois de nature, de calme, (si possible de beauté !) favorable à la concentration. Le lac de Côme - que je connais bien - est un endroit magique, idéal pour cette phase de création du spectacle.

(...) Ma grand-mère était italienne, donc aller en Italie, c’est aussi pour moi, renouer avec une part d’enfance. Part d’enfance qui se doit d’être au rendez-vous au moment de la création d’un spectacle destiné aux enfants (mais pas seulement aux enfants: également à tous les adultes qui ont su préserver en eux leur part d’enfance.)

Et de fait :

Trois semaines sur l’île de Comacina, c’est d’abord une plongée dans la beauté du lac, du ciel, de la nuit, de la nature... Peu à peu le quotidien s’éloigne, la tranquillité et l’isolement créent une sorte de retraite, le dépaysement permet une prise de distance avec le travail en cours.
Mais la vie de l’île, de ses habitants (gardien, jardinier, tenancière du bar, bateliers...), des animaux qui la peuplent (lièvres, lézards, serpents, oiseaux, insectes géants, canards, oies, moustiques...), de ses plantes et arbres, la vie de l’île est bien là. Et c’est tout un « travail » d’essayer de la cerner, de l’apprivoiser, de s’y adapter.

Je suis arrivée avec plusieurs projets entamés entre lesquels je ne parvenais pas à choisir.
Puis au bout d’un moment, tout se décante, comme l’eau du lac après un orage, les choses s’éclaircissent. Deux projets émergent des autres et je travaille à leur structure.

L’un porte sur des paroles d’enfants, ou plutôt sur des textes d’enfants. Je le baptise provisoirement « Des enfants nous écrivent ». Et il prend sa source dans le nombreux courrier que nous recevons après le spectacle. Que reste-t-il d’un spectacle dans la tête d’un enfant ? Quelles sont les questions qu’il se pose ? Le projet se dessine avec de plus en plus de netteté au cours du séjour.

L’autre projet que j’intitule « Floating world » s’appuie sur le courrier échangé en anglais (j’en traduis une petite partie à Comacina) entre le célèbre illustrateur américain Edward Gorey et l’auteur Peter Neumeyer - avec qui je suis moi-même en correspondance depuis un certain temps. Je lui écris depuis Comacina. Il y est question de la gestation d’une oeuvre, en l’occurrence d’une série d’albums (dont deux seulement ont vu le jour), de réflexions sur l’art, l’amitié. Comment on rêve une œuvre... Je me sens dans une situation en miroir. Une vraie mise en abîme. J’avance à tout petits pas.

Je repense aux Ecrits d’Eric de Chassey, directeur de la Villa Médici (in Le case per artisti sull’Isola Comacina)  : « L’objectif de la résidence n’est pas le production d’objets concrets. Beaucoup d’artistes, surtout les écrivains, ne réalisent pas leurs œuvres durant leur séjour mais tout de suite après. »
C’est en effet ce qui s’est passé.

  • Depuis mon retour de Comacina, je travaille de façon systématique (entre les tournées) au projet « Des enfants nous écrivent ». Le spectacle doit être créé au Théâtre de la Balsamine en décembre 2012.
  • « Floating world », l’autre projet, continue de mûrir tout doucement. En attendant un nouveau temps de rêverie, une nouvelle résidence ?

Pour en savoir plus : www.theatredutilleul.be


Dernière mise à jour
31.01.2013 - 15:12

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