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China Belgium Technology Center : le premier incubateur chinois en Europe est en Wallonie

Le futur China Belgium Technology Center de Louvain-la-Neuve
Le futur China Belgium Technology Center de Louvain-la-Neuve

Faciliter l’implantation d’entreprises chinoises en Europe, ainsi que l’accès au marché chinois pour les entreprises de Wallonie-Bruxelles, tel est le double objectif du CBTC. Le 1er complexe d’incubateurs chinois en Europe, à Louvain-la-Neuve.

La première pierre a été posée le 20 juin 2016. « Mais l’idée de ce projet ne date pas d’hier, elle a mûri durant sept ans et demi », souligne Stephano Smars, attaché économique et commercial de l’Awex à Shanghai lors d’une conférence donnée sur le CBTC à la Weif (Wallonia Export Invest Fair) 2016 qui se tenait à Louvain-la-Neuve. C’est d’ailleurs au départ du poste de Shanghai que les premières relations avec la province du Hubei ont été initiées. Et c’est grâce au réseau et aux contacts de l’Awex que les Chinois ont décidé de s’installer à Louvain-la-Neuve. Tout est parti de cette province chinoise de 65 millions d’habitants avec laquelle la Wallonie développe depuis longtemps un partenariat et dont la capitale est Wuhan, 11 millions d’habitants. « Hubei compte 41 universités pour 1 million d’étudiants. Des échanges d’étudiants et de professeurs et des programmes culturels entre Hubei et la Wallonie sont déjà prévus. La croissance de la province de Hubei est constante  (12,5 % en 2012),7 villes sont en cours de développement. Les secteurs de l’économie les plus développés sont l’automobile et les TIC. En outre, Wuhan, une ville à haut potentiel de développement et d’investissement, est le bastion de la francophonie en Chine. » 
 

Intelligence Valley

Fruit de ce long partenariat, le China-Belgium Technology Center (CBTC) sera mis sur pied par quatre partenaires, l’Awex, l’UCL, la société Juxing International et l’IBW (Intercommunale du Brabant wallon). Il s’agira du premier complexe d’incubateurs chinois en Europe et il sera implanté dans le parc scientifique de Louvain-la-Neuve. « Pour le choix de l’implantation de l’incubateur chinois, le concept de Louvain-la-Neuve a beaucoup joué, ainsi que la présence du LLN Science Park pour la promotion à l’international, souligne Philippe Barras, directeur du développement régional de l’UCL. Le parc compte 236 sociétés, dont 80 % innovantes, 35 % d’entre elles sont étrangères et comptent 6100 emplois. Le parc fait partie du réseau des parcs scientifiques wallons, est membre du réseau mondial des parcs scientifiques (IASP). Les aspects internationaux pour la localisation de l’incubateur sont évidents. La proximité de cercles d’affaires, comme le Cercle du Lac, constitue un autre atout. » Avec le CBTC, Louvain-la-Neuve et l’UCL deviendront une Intelligence Valley pour les entreprises chinoises. Les travaux devraient durer huit ans. A terme, le CBTC comprendra cinq incubateurs pour accueillir des entreprises chinoises high-tech spécialisées dans les biotechnologies, les nanotechnologies, l’informatique et les télécommunications, l’optoélectronique et le développement durable (ingénierie verte et nouveaux matériaux). 
 

Accès plus facile au marché chinois

Pour les Chinois, l’objectif de cet ensemble d’incubateurs est évident. Il s’agit de permettre à leurs entreprises high-tech de s’inspirer du mode de fonctionnement des entreprises européennes afin de mieux appréhender ce marché tout en développant leurs technologies.
 
Pour les entrepreneurs wallons, l’incubateur favorisera des échanges de bonnes pratiques, des partenariats technologiques entre entreprises de taille moyenne pour le développement de nouveaux produits. Il permettra de côtoyer des entreprises chinoises aux profils similaires aux leurs dans une approche mutuellement profitable. Enfin, il facilitera la compréhension et l’accès au marché chinois. Les barrières linguistiques et culturelles rendent, en effet, difficile la prospection classique en Chine. En s’installant dans le CBTC, les entreprises belges souhaitant se lancer en Chine pourront activer leur réseau et ainsi accéder plus facilement au marché chinois. La structure permettra, en effet, de créer les collaborations nécessaires à un tel projet, tout en réduisant les risques liés à la prospection classique. Une véritable opportunité pour des entreprises belges souhaitant développer leur commerce en Chine.
 
En outre, les entrepreneurs belges bénéficieront de la large filière du réseau d’incubateurs de WHIBI (Wuhan East-Lake Hi-Tech Innovation Center) dans les cinq plus grandes villes chinoises. Cette approche qualitative avec davantage d’accompagnement et moins de risque financier devrait permettre d’aboutir plus facilement à des échanges commerciaux.
 

Au moins 1600 emplois créés d’ici huit à dix ans

Trois phases d’aménagement sur huit ans sont prévues. La première comprend la construction, sur 37 000 m², d’incubateurs, de bureaux, de laboratoires, de commerces de proximité et de locaux techniques. L’ouverture des premiers bâtiments est prévue pour fin 2018. Un premier immeuble de logements sera construit dans le centre de Louvain-la-Neuve et accessible aux Chinois et aux Belges dès la fin 2019. La deuxième phase verra la construction, sur 26 000 m², d’un hôtel de 160 chambres destiné à héberger les expatriés chinois en court séjour, d’un centre de services et de salles de conférences, d’autres incubateurs, de commerces et de locaux techniques, ainsi que la construction de deux autres immeubles de logements dans le centre de Louvain-la-Neuve. La troisième phase sera celle de la construction sur 34 000 m² des derniers incubateurs et de leurs parkings. Au total, le CBTC coûtera 200 millions d’euros (pris en charge par des investisseurs chinois privés). 
 
Progressivement, le site verra arriver entre 450 et 600 travailleurs chinois. D’ici huit à dix ans, le CBTC devrait fournir au moins 1 600 emplois, 40 % pour des Chinois et 60 % pour des Belges. Pour les entreprises chinoises, dans un premier temps, seuls quelques cadres détachés (expatriés court terme) se rendront à Louvain-la-Neuve pour lancer le business, analyser le marché et trouver des partenaires d’affaires.
 
La volonté est d’engager rapidement du personnel belge pour leur développement à l’instar d’autres entreprises chinoises ayant investi en Europe. Le CBTC sera ouvert aux entreprises belges qui ont déjà une présence, des relations d’affaires, des accords technologiques avec la Chine, ou encore une volonté d’investiguer le marché chinois.
 

Les critères de sélection

Le CBTC est un projet d’investissement chinois privé. Les deux actionnaires majoritaires sont le Hubei United Investment Group et JuXing International Technology Investment Co., Ltd, tous deux installés à Wuhan. La promotion du CBTC se fera via le réseau d’incubateurs JuXing et sa participation à des salons spécialisés de technologie ou de création d’entreprises.
 
Vu l’ampleur du marché chinois, le défi résidera dans la sélection des entreprises. Les critères de sélection seront une activité significative d’innovation ou de R&D, une collaboration potentielle avec l’UCL et une maturité suffisante pour envisager sérieusement une implantation en Europe. Les entreprises retenues seront invitées à visiter la Belgique pour un séminaire économique de plusieurs jours.
 
Dans l’attente de la construction du CBTC, les Chinois disposent déjà de 3 000 m² de bureaux dans le parc scientifique pour accueillir les premières sociétés chinoises. Plusieurs d’entre elles ont déjà fait le choix de s’installer à Louvain-la-Neuve.
 
Jacqueline Remits
 
Cet article est issu de la Revue W+B 133.

Dernière mise à jour
23.06.2022 - 09:54
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