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Belgian Fashion Awards. 10 points pour la Belgique!

Copyright Alexandra Bertels
Copyright Alexandra Bertels

Organisés en collaboration avec Wallonie-Bruxelles Design Mode, les Belgian Fashion Awards — dont la finale a eu lieu ce 11 octobre dernier à Bruxelles — récompensent des talents émergents ou confirmés de la mode belge

Cette nouvelle édition nous a donnés l'occasion de parler mode et des enjeux du secteur avec Rafael Jimenez, fondateur du bureau de consultance Plan 8 et membre du jury international.
 
TLmag: La mode belge rayonne à l’étranger, c'est vrai. Mais cette reconnaissance médiatique va-t-elle de pair avec une reconnaissance commerciale ?
Rafael Jimenez: Non, malheureusement pas. On peut le regretter, mais c'est une réalité.
 
Comment définiriez-vous un bon créateur ?
Un bon orchestrateur d’équipes. Seul, c'est toujours bien de le repréciser, on ne peut rien faire. Aujourd'hui, le système est devenu extrêmement complexe. Ne serait-ce qu'en termes de calendrier des ventes et des cibles qu'on doit toucher. S'adresse-t-on à une clientèle B2B, B2C ou à des industriels ? Quels marchés vise-t-on ? Il est crucial de s’entourer des bonnes personnes pour les ventes, les relations presse, le volet marketing et les collaborations avec les boutiques.
 
Face à tous les bouleversements du secteur, quels sont les enjeux clés des créateurs et des marques aujourd’hui ?
Le financement et la direction stratégique. La question fondamentale consiste à savoir comment se différencier et comment établir des priorités dans l’approche stratégique du business. En tant que consultant, nous sommes souvent confrontés à des structures qui ont des moyens limités. Définir une bonne stratégie est donc vraiment essentiel. Chez Plan 8, c'est cette approche que nous proposons aux marques.
 
Expliquez-nous...
Nous les aidons à créer une plus-value concurrentielle au travers d'une identité forte. C'est probablement l'étape clé du processus, mais aussi la plus complexe et la plus abstraite. Les marques doivent chercher à se différencier sur le marché en définissant clairement leurs ambitions et les outils qu'elles ont à leur disposition. Beaucoup de designers ou de labels n'ont pas une idée assez précise de l'image qu'elles véhiculent et de la manière dont elles sont perçues. La réponse à ces questions nous permet de définir une stratégie. À partir de là, nous envisageons plusieurs pistes. Je tente d'obtenir un retour de personnes influentes dans le secteur. Je partage ensuite ces données avec les marques de manière à pouvoir échafauder une vraie stratégie.
 
Et à ce moment, le travail est encore loin d'être fini...
Il reste à développer une stratégie cohérente. L'idée, c'est de planifier les collections sur une période qui va de trois à quatre saisons. La difficulté consiste alors à raconter une histoire qui soit cohérente sur le long terme mais qui, néanmoins, dégage une vraie immédiateté. Il s'agit de créer de bons produits avec ce facteur wow intimement lié à la mode...
 
L'un des prix récompense un jeune diplômé d'une école de mode. Quel conseil lui donneriez-vous ?
Acquérir, dans un premier temps, un maximum d'expérience en travaillant pour des maisons. Ou alors... avoir un bon mentor.
 
Ces dernières années, l'expression « jeune créateur » a été mise à toutes les sauces. A-t-elle encore du sens aujourd’hui ?
À mon avis, l'expression est très vague et dépourvue de sens. Elle fait référence à des marques ou à des créateurs qui travaillent selon des schémas qui sont dépassés. Cependant, des labels comme Vêtements ou Filles a Papa sont en train de redéfinir l’ancienne dénomination en lui donnant un nouveau sens.
 
Le marché asiatique est immense. Lorsqu'on veut exporter, est-il nécessaire de le viser en priorité ?
Impossible de l'ignorer, en effet. En termes de progression de marques, il est tout simplement incontournable.
 
Qu'est-ce qui vous a marqué dans votre participation à ce jury?
La justesse de l’esprit belge ou, en tout cas, la recherche et l'envie d'aller voir plus loin.
 
Quelle marque vous impressionne pour l'instant et pourquoi?
Raf Simons pour sa capacité à être toujours à la pointe de la création et au cœur des enjeux stratégiques de l’industrie.
 
Interview de Marie Honnay
Plus d'infos 
Visitez également le site internet de Wallonie-Bruxelles Design/Mode
 

Dernière mise à jour
30.11.2018 - 14:15
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